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L’opportunité du photovoltaïque

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Suite à la publication de l’arrêté du 6 octobre 2021 qui fixe les conditions de rachat de l’électricité de centrale photovoltaïque sur bâtiment, hangar et ombrière, Enzo Casnici, conseiller énergie à la Chambre d’agriculture du Rhône, apporte quelques éléments concrets.

Pouvez-vous nous rappeler les grandes lignes de cet arrêté ?

Première bonne nouvelle, ce nouvel arrêté maintient le principe de contrat garanti par l’État sur vingt ans à compter de la date de mise en service de l’installation, qui correspond à la date de raccordement effectif au réseau public de distribution de l’électricité. Les installations doivent respecter « les critères généraux d’implantation » : la centrale doit être installée sur une toiture de bâtiment, d’un hangar ou sur une ombrière (nouveau !), ou remplir une fonction d’allège, de bardage, de brise soleil, de garde-corps, de pergolas ou de mur-rideau. Force est de constater que ces derniers critères sont plus rares sur le terrain. L’équipement des toitures « classiques » est à privilégier car économiquement plus intéressant et avec un retour d’expérience plus important.

Au niveau du tarif de rachats et des tranches de puissance qui leur sont associées, il y a quelques changements notables (voir plus loin). Pour les installations de puissance inférieure ou égale à 100 kWc, la prime à l’autoconsommation se maintient, sa valeur dépendra de la puissance de la centrale.

À noter par ailleurs que pour les installations de puissance supérieure à 100 kWc, seules celles présentant un bilan carbone inférieur à 550 kg eq CO2/kWc bénéficieront d’un contrat d’achat. Bien que cet élément soit à vérifier par le porteur de projet (étude en annexe des devis), les installateurs devraient respecter cette norme sans trop de souci.

 

Concrètement, quelles sont les avancées ?

Ce nouvel arrêté est une avancée importante pour la filière photovoltaïque. Il vient simplifier les démarches notamment pour les centrales de puissances comprises entre 100 et 500 kWc, qui dorénavant ne passeront plus par la phase risquée et complexe des appels d’offres pour obtenir un tarif d’achat. Ce qui facilite la gestion du projet, surtout pour les producteurs d’énergie « en herbe » que sont les agriculteurs. Les nouvelles conditions de rachat pour des centrales supérieures à 100 kWc sont intéressantes économiquement. Les exploitations agricoles ont souvent des toitures bien plus grandes que les 500 m² que l’on ciblait auparavant (100 kWc). Ce nouvel arrêté permet de les équiper toutes et sans forcément rechercher à atteindre le haut de la tranche de tarif car les puissances intermédiaires sont rentables. Souplesse appréciable, et qui permet de bénéficier d’un meilleur effet d’échelle sur l’investissement.

 

C’est donc le moment de se lancer ?

En effet, au-delà du fait que les grandes centrales sont plus facilement réalisables, le tarif de rachat qui est associé à cette tranche 100-500 kWc est très intéressant à ce jour.

Ce dernier est fixé à 9,8 c€/kWh pour les premières 1100 h (ou kWh/kWc) de production annuelle, puis à 4 c€/kWh. Et la grande nouveauté, c’est que ce tarif s’applique pour la vente totale et le surplus des contrats en autoconsommation !

À noter que la bride à 1100 h n’a que peu d’influence sous nos latitudes. L’autoconsommation s’ajoute aux 1100 h. Les productibles pour le Rhône tournent en moyenne autour de 1200 h pour un bâtiment plein sud. Ainsi, toute la production devrait donc pouvoir être vendue à plein tarif. Il n’y aura par contre pas de prime à l’autoconsommation pour ces centrales.

Les changements sont moins marqués pour les centrales de moins de 100 kWc, les tarifs de rachat n’évoluent pas à la hausse et pour être économiquement intéressantes, elles doivent toujours être optimisées en termes de production. Leur faisabilité et leur intérêt restent bien sûr à étudier avec son comptable (économique) ou un conseiller chambre (technique), notamment pour l’autoconsommation. Pour rappel, l’arrêté prévoit pour les installations de puissance inférieure ou égale à 100 kWc, un prix d’achat fixé pour les premières 1600 h de production annuelle puis ensuite à 5 c€/kWh. Au premier trimestre d’entrée en vigueur de l’arrêté, une centrale de puissance comprise entre 9 et 36 kWc permettra d’obtenir un tarif de 10,89 c€/kWh tandis qu’il sera de 9,47 c€/kWh pour une centrale de puissance comprise entre 36 kWc et 100 kWc. En autoconsommation avec vente de surplus, l’énergie sera vendue à un tarif de 6 c€/kWh pour les centrales entre 9 et 100 kWc.

Autre nouveauté, il sera possible de passer de « vente totale » à « autoconsommation avec vente de surplus » et inversement si souhaité (nombre de changement limité et non applicable aux centrales déjà en fonctionnement).

Une étude menée par les CerFrance 69 et 42 et les Chambres d’agriculture révèle par ailleurs tout l’intérêt de viser l’installation d’une centrale supérieure à 100 kWc). À noter que l’électricité autoconsommée sur ces installations contribue à améliorer l’économie des projets. De plus, les banques ont actuellement confiance dans les investissements photovoltaïques, évidemment si la santé de l’exploitation est bonne !

 

Quels conseils adressez-vous aux agriculteurs qui aimeraient étudier la faisabilité et la rentabilité du photovoltaïque ?

Il faut se pencher sérieusement sur la question. Le tarif avantageux pour les grandes centrales ne va pas durer, il est donc important de fixer son tarif dès que possible. Mais attention, ce n’est pas une raison pour signer avec le premier venu ! L’investissement est plus conséquent avec ces grandes centrales, et il s’agit toujours d’un engagement sur vingt à trente ans. La principale recommandation reste la même : il faut consacrer du temps dans la conception de son projet et la sélection de son installateur. Le nouvel arrêté ne change rien à cela.

Et c’est aussi pourquoi les Chambres d’agriculture organisent différentes formations sur le sujet et que des conseillers énergie sont disponibles dans la plupart des départements. Sans oublier le guide du photovoltaïque qui est une bonne référence.

 

Propos recueillis par Emmanuelle Perrussel

 


 

Votre contact dans l’Ain :

Jean-Daniel Ferrier

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