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Hausse des tarifs de l’électricité : Un impact conséquent pour les irrigants

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Malgré l’annonce du Gouvernement de nouvelles mesures visant à limiter cette flambée des prix, les irrigants ont peu de marges de manoeuvre. Interrogés sur le sujet, Éric Viollet, membre de la Chambre d’agriculture et vice-président de l’Asia (Association syndicale d’irrigation de l’Ain), accompagné de Fabien Thomazet, conseiller irrigation, nous apportent quelques éléments de réponse.

Dans un contexte d’envolée du coût de l’électricité, le Gouvernement a pris la décision le 13 janvier dernier d’augmenter les volumes d’électricité qu’EDF cède à ses concurrents dans le cadre du dispositif Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique). L’impact de cette envolée n’en sera pas moins lourd à supporter pour bon nombre d’entreprises, dont les agriculteurs. Pour les irrigants notamment, la pilule a du mal à passer, aussi bien au niveau individuel que collectif.

« L’Arenh permet à tous les fournisseurs alternatifs de s’approvisionner en électricité auprès d’EDF dans les conditions fixées par les pouvoirs publics. Le volume global est de 100 TWh/ an, à un prix de 42 €/MWh. Si ce volume maximal est dépassé, le volume d’Arenh cédé fait alors l’objet d’un écrêtement, avec un impact important sur la facture. Le marché entre le 1er et le 15 décembre était de l’ordre de 204 €/MWh concernant
le surplus racheté. Á l’Asia, qui regroupe 123 adhérents pour 7 500 ha irrigués, on achète en moyenne 18 000 MWh annuellement (contrat de trois ans, renouvelé en juillet 2021). La hausse des tarifs annonce des factures salées, ainsi qu’en témoigne Éric Viollet, céréalier à Leyment (110 ha irrigués, maïs, blé, tournesol) : un tour d’eau à 30 mm représentait en 2021 un coût de 11 € d’électricité par hectare. Avec l’augmentation des prix, en 2022, le même tour d’eau coûte 38 € d’électricité, soit 345 % d’augmentation ! Sur mon exploitation, cela représente un surcoût de 20 000 €
».

Quelles solutions pour lisser les charges ?
Une hausse qui s’ajoute à celle des autres charges d’exploitation : fioul, engrais, etc., ainsi qu’aux inquiétudes liées à l’évolution de la réglementation par rapport à l’accès à l’eau. Comment s’adapter face à ces charges incompressibles liées à l’énergie ? « Nos adhérents ont été sensibilisés… on conseille d’adapter les rotations, mettre plus de blé que prévu, sur les cultures de printemps : plus de tournesol et de sorgho que d’habitude,
ou encore essayer de précocifier les semis si c’est possible pour gagner un tour d’eau, affiner le pilotage de l’irrigation… C’est encore gérable, mais qu’en sera-t-il dans un an… ?
», explique Éric Viollet. Du côté des exploitants individuels, mêmes inquiétudes. Ainsi qu’en témoigne Jérôme Martin, responsable de la section des irrigants de la FDSEA : « Aujourd’hui on subit la même hausse qu’au niveau collectif. Nos fournisseurs d’énergie ne sont toujours pas en mesure de nous donner le montant du tarif, la consommation débutant au 1er avril. Mais cette hausse sera forcément pénalisante pour les investissements dans du matériel performant
d’irrigation. L’an dernier, la FDSEA a mis en place un groupement d’achat d’électricité, qui totalise aujourd’hui 31 adhérents. Une action syndicale qui permet d’avoir un gros avantage sur les prix
».

 


Auteur : Patricia Flochon - Ain Agricole